Pour Kenji Nobutomo
traducteur de la version
japonaise /
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"Il y a des cas (...) où l'on
jouit d'un moment de grâce
entre la vie et la mort,
et où toutes les pièces
de la machine se combinent
pour envoyer dans l'avenir
un trait qui traverse les âges".
Deleuze, QP,p.7
jouit d'un moment de grâce
entre la vie et la mort,
et où toutes les pièces
de la machine se combinent
pour envoyer dans l'avenir
un trait qui traverse les âges".
Deleuze, QP,p.7
Il s'agit des Mémoires de Lafargue témoignant de Marx : «J'ai souvent entendu <Marx> répéter les paroles de Hegel, son maître de jeunesse : Même la pensée criminelle d'un malfaiteur a plus de grandeur et de noblesse que les merveilles du ciel. [1]
Lukacs reprend la formule dans la dernière section de son livre "Le jeune Hegel" (comme pour réhabiliter Hegel qui passait pour le "chien crevé" de la philosophie). On a sans doute du mal à imaginer Hegel s'engager dans une apologie du meurtre gratuit. Le criminel est évidemment la figure du paria, celui que l'inquisition pourchasse, le révolté dont le Pouvoir se défend et qu'il condamne sous le paravent du Droit comme cela fut le cas des traques, des résistants pourchassés dans l'histoire du monde. C'est l'objet même de mon titre "Une intrigue criminelle de la philosophie -Lire la phénoménologie de l'esprit". Cette idée, on la retrouve évidemment dans la figure de l'esclave dont toutes les morales avait justifié l'aliénation au nom de la charité. Charité des grands s'occupant des incapables, charité magistrale vis à vis d'êtres supposés débiles, sans pouvoir subvenir à eux-mêmes (on retrouve aujourd'hui chez Sloterdijk l'idée de Charité... [2]). Ce sont les "moins que rien" dont les maîtres auraient eut la générosité, l'élégance, de prendre en charge l'existence insane pour pourvoir à leur biens et les prendre sous tutelle.
Devant tant de bêtise, il y a sans conteste une généalogie de la morale pratiquée par le jeune Hegel -d'abord au service des maîtres à Berne qui le traitèrent comme le plus vil des serviteurs. A la différence de Nietzsche qui défend des valeurs aristocratiques (quoique de manière souvent très critiques comme toujours chez lui), Hegel se place du côté des faibles, des offensés (ceux que Foucault appellera "les hommes infâmes). C'est là, sans doute, sa grandeur, Grandeur de Hegel. Il me paraît impensable que Deleuze n'ait pas eu cette pensée au moment où il projetait d'écrire "Grandeur de Marx". Peut-être même est-ce une des raisons de l'abandon de ce livre, trop contrastant pour relancer la machine à la fin de sa vie [3], et dont Deleuze ne laisse d'ailleurs aucune page, aucune trace. Mais cela ne nous empêchera pas d'écrire "et" : Deleuze et Hegel au lieu de Deleuze ou Hegel [4] sachant la force avec laquelle Deleuze a toujours su se mettre en danger... (philosophe en pleine mer nous revenant avec les yeux rouges)
J.Cl. Martin
[1]http://www.marxists.org/archive/lafargue/1890/xx/marx.htm
[2]http://www.lepoint.fr/grands-entretiens/peter-sloterdijk-la-fiscalite-obligatoire-abolit-le-citoyen-23-02-2012-1435659_326.php Rien de plus étranger à Deleuze que ce mauvais coton filé
[3] Au début de "Qu'est-ce que la philosophie?", Deleuze reconnaissait que les grands philosophes sont ceux qui comme Kant sont capables de se mettre en danger en relançant la machine à la fin. C'était le projet de Deleuze, mais sa santé -sa grande santé dans la maladie- n'était plus à la hauteur de cette tâche.
[4]http://www.worldcat.org/title/hegel-and-deleuze-together-again-for-the-first-time/oclc/809989038
[2]http://www.lepoint.fr/grands-entretiens/peter-sloterdijk-la-fiscalite-obligatoire-abolit-le-citoyen-23-02-2012-1435659_326.php Rien de plus étranger à Deleuze que ce mauvais coton filé
[3] Au début de "Qu'est-ce que la philosophie?", Deleuze reconnaissait que les grands philosophes sont ceux qui comme Kant sont capables de se mettre en danger en relançant la machine à la fin. C'était le projet de Deleuze, mais sa santé -sa grande santé dans la maladie- n'était plus à la hauteur de cette tâche.
[4]http://www.worldcat.org/title/hegel-and-deleuze-together-again-for-the-first-time/oclc/809989038